Gambetta et Ferry ont joué tous deux un rôle décisif dans la fondation de lIIe République. L'examen de leurs correspondances permet de suivre l'évolution subtile de leur relation personnelle. Dans leur combat commun, le Lorrain réservé a subi l'ascendant du Méridional éloquent et il s'est vite tissé entre eux une chaleureuse amitié. Peu à peu, celle-ci s'est distendue et, après la conquête du pouvoir par les républicains, les ambitions se sont durement affrontées.

Au moment où s'ouvre en France un nouvel épisode des « guerres scolaires » qui caractérisent l'histoire éducative française, Mona Ozouf entend donc marteler une argumentation à laquelle elle ne renoncera jamais : l'école en France (plus encore "L'Ecole de la France", comme elle intitule un recueil de ses textes publié en 1984) ne saurait se réduire à sa fonction économique.

Jules Ferry ne passionne guère, mais la plume subtile de Mona Ozouf parvient à ce qu'on s'intéresse à travers lui aux contradictions de la IIIe République naissante. Cet art de la nuance rend son poids de réalité à des tenszons politiques dont Ferry fut l'incarnation ; à ce titre, il est une figure importante de notre histoire nationale, même par temps de désintérêt marqué pour le roman républicain.

Dans ce portrait de l'homme d'Etat Jules Ferry, l'historienne s'attache à montrer comment ses idées se sont confrontées à la réalité et l'art qu'il a déployé pour trouver des compromis.