Jamais, sans doute, le contexte social et économique ne leur avait été aussi favorable. Comment expliquer la déroute, presque historique, des partis socialistes et sociaux-démocrates aux élections européennes ?

Sur la porte de verre, au quinzième étage du Parlement européen, à Strasbourg, le mot « président » est décliné en 231angues. A la tête de cette tour de Babel, le social-démocrate allemand Martin Schulz est à l'aise. Il a siégé dans les travées de l'hémicycle avant d'accéder à sa présidence. Son tempérament combatif, son sens du compromis, ses talents de polyglotte - il parle français, anglais, italien, comprend le néerlandais et l'espagnol - s'y épanouissent. Son humeur souvent blagueuse, aussi. Un autre rôle l'attend pourtant désormais.

Au nom de l'anti-impérialisme, elle soutient un dictateur sanguinaire qui a livré le pays au libéralisme économique sauvage.

Le Front de gauche entend prouver qu'il y a en Europe un autre chemin que celui de la social-démocratie. Dans le cadre du Parti de la gauche européenne, il milite pour une Union de peuples souverains, libres et associés pour choisir une politique monétaire différente et pour décider de plans massifs d'investissement.

On ne peut pas dire que le moral soit au beau fixe à la gauche de la gauche européenne, entre la gueule de bois grecque après l'espoir du référendum, les mauvais scores de Podemos dans les sondages et, en France, les chamailleries entre partenaires du Front de gauche, à trois mois des régionales. Sans parler des ambitions présidentielles de chacun. C'est pourtant un Jean-Luc Mélenchon optimiste et pugnace, préférant la méditation historique au coup d'éclat permanent, qui passe en revue tous les grands sujets de la rentrée politique et réaffirme sa volonté intacte de résister à l'ordre libéral.

Avec la victoire inattendue de Jeremy Corbyn à la primaire du parti travailliste, un rejet des élites s'est exprimé dans les urnes en Grande-Bretagne. Tandis qu'aux Etats-Unis, les outsiders font aussi la course en tête dans les sondages.

Comme en Grèce ou en Espagne, Les socialistes portugais sont confrontés à un dilemme : se perdre en acceptant une coalition avec La droite ou reprendre Les négociations avec les partis à Leur gauche.

La gauche occidentale est bien mal en point : "la gauche Pasok" est morte et la "gauche Borgen" est moribonde.

Dans un essai stimulant, le philosophe Jean-Claude Michéa prédit la fin proche et souhaitable du libéralisme. Et établit Podemos en modèle pour la gauche européenne.

Face aux partis populistes et à la gauche radicale, les sociaux-démocrates peinent à incarner l'alternative