Peut-on, plus de soixante ans après, approcher l'être qu'on fut, ses erreurs et ses errances, son horreur même ? C'est la tentative de Gnter Grass, dans un livre autobiographique où il explore sa propre jeunesse, livre qui fit grand bruit l'été 2006 de sa publication en Allemagne.

Aujourd'hui paraît en France "Toute une histoire", la traduction du roman monumental sur la réunification de l'Allemagne qui a soulevé, voilà deux ans, un tollé d'indignation dans les médias d'outre-Rhin.

"Même si mes enfants ne sont pas directement coupables, dit-il, ils vivent avec ce fardeau." Sur les crimes nazis et sur la réunification de son pays, l'écrivain allemand le plus célèbre et le plus controversé a exposé à Ruth Valentini les thèses qui ont fait de son dernier livre à la fois un brûlot et un best-seller.

Le nouveau et énorme roman du grand écrivain nobélisable a déchaîné haines et passions outre-Rhin. Affaire littéraire mais aussi politique, sur fond de réunification. Establishment culturel contre lecteurs, qui font un triomphe au livre. La bataille a été rude. Furieuse même. Récit.

Le grand romancier allemand, engagé depuis toujours à gauche, parle de la situation politique de son pays, de la guerre, du pardon et de la mélancolie.

Alors que le conflit d'Irak s'enlise et que nul n'en voit la fin, le grand écrivain allemand s'interroge sur les pouvoirs de la littérature face à la guerre.

Pour le député européen, le silence du grand écrivain, avocat de la vérité, est plus incompréhensible qu'un engagement éphémère dans la Waffen SS à la fin de la guerre.

Avec l'Agfa Box, Günter Grass nous donne un deuxième récit autobiographique sous forme de rencontres familiales, récit à plusieurs voix, celles des enfants de l'écrivain, qui commence après le succès international du Tambour. Nous avons posé quelques questions à Jean-Pierre Lefebvre, qui a traduit pour la première fois une oeuvre complète du grand prosateur allemand, prenant en quelque sorte la suite de Claude Porcell disparu en 2008.

Au moment où nous célébrons la chute du mur de Berlin, Günter Grass publie, à vingt ans de distance, le journal qu'il tint à l'époque. Il y interroge l'événement lui-même, ses implications, la place de l'Allemagne, ses dimensions et les enjeux politiques majeurs de la réunification. Il y révèle aussi son quotidien, dévoile ses ateliers - littératures et plastiques -, y défend ses positions et jette un regard inquiet et profond sur le monde contemporain.

A 75 ans, le prix Nobel de littérature a inauguré, à Lbeck, la maison consacrée à son oeuvre d'écrivain et d'artiste ; reçu, à Gttingen, les hommages du président et du chancelier allemands.