Que s'agit-il d'enseigner, pour ce qui ne peut se réduire à une discipline scolaire ? Dans quel objectif, entre pacification des relations et formation du jugement moral ? Qui pour le faire, dans quel cadre ? Bien des questions, et ce dossier ose dès maintenant des réponses, dans la conviction que nous touchons là à un rôle fondamental de l'école.

Et maintenant, passés la sidération, la peur, la tristesse, l'incrédulité, le sentiment de culpabilité peut-être, passée l'émotion qui a submergé les gens comme la voie publique suite aux attentats de Paris, que fait-on ?

Focus sur "Eduquer après les attentats", le dernier ouvrage de Philippe Meirieu, expert français en sciences de l'éducation autour de la critique du livre et d'une interview avec l'auteur.

La réaction avance, et pas seulement dans les discours des hommes et femmes politiques de droite. Le collectif Questions de classe(s) organisait le 26 novembre 2016 une ZAD (zone à défendre) à l'école sur le thème "Identité ou égalité, un choix pour l'école : l'école, un enjeu idéologique", où il a été question de l'enseignement de l'histoire, de valeurs républicaines et de laïcité.

Les hôpitaux publics sont soumis à des règles juridiques précises en matière de laïcité, que doivent respecter aussi bien le personnel soignant que les personnes hospitalisées. Les textes en la matière ont tenté de trouver un équilibre entre liberté de conscience et d'expression religieuse, d'une part, et bon fonctionnement du service public hospitalier, d'autre part.

Martin Rhonheimer, auteur de nombreux ouvrages et articles, est prêtre catholique, membre de l'Opus dei et professeur d'éthique et de philosophie politique à l'université pontificale de la Sainte-Croix à Rome. Dans ses livres il revendique clairement cet engagement, sans toujours éviter l'apologétique : ils offrent l'intérêt d'une lecture académique et panoramique fondée sur de nombreuses références historiques, théologiques et philosophiques d'auteurs de langue anglaise, allemande, française et italienne.

Chez les catholiques, il fut un temps où, pour ne pas être taxé de prosélytisme, l'on enseignait à vivre "en chrétien", sans pour autant s'en réclamer. Un témoignage dont la discrétion devait faire la force. Aujourd'hui, l'heure est davantage à l'affirmation visible de son identité. Les musulmans, eux aussi, revendiquent le droit à vivre selon leurs traditions. Dans une société "liquide", où l'individu a le choix infini de ses repères, de ses affiliations, les religions proposent une réponse éthique, une appartenance d'autant plus utile que les liens entre les êtres sont fragiles.

Zoom sur trois cas qui donnent à réfléchir sur la logique de fraternité à l'oeuvre dans les collèges, en France, au lendemain des attentats terroristes qui ont frappé la France, en 2015. Le travail d'une enseignante avec ses collégiens, celui du ministère de l'Education nationale sur la notion de laïcité ou le programme de formation d'une académie : ces exemples montrent que de nouveaux types de relations se cherchent, entre professeurs et élèves, entre personnels enseignants. Des occasions de faire vivre la fraternité existent bien.

Après les attentats qui ont frappé la France, en 2015, réflexion du sociologue François Dubet sur l'apprentissage de la citoyenneté et de la fraternité à l'école. L'école a longtemps voulu inculquer la citoyenneté par des cours magistraux. Ayant perdu l'autorité morale qu'elle exerçait jadis, l'institution scolaire risque de se replier sur elle-même et d'exclure davantage. Considérer pleinement les élèves pour ce qu'ils sont, s'ouvrir à l'altérité, lui permettrait de devenir un lieu de relations et de mixité où la fraternité se vit plus qu'elle ne s'invoque.

Après l'annonce surprise du ministre de l'Education de vouloir introduire des cours de ″morale laïque″ à l'école, deux philosophes aux avis opposés débattent.