Si le discounter turc n'enregistre toujours pas de bénéfices dans le royaume, il continue coûte que coûte son expansion, poussant déjà ses concurrents à revoir leur stratégie.

L'emplacement est l'un des éléments déterminant pour la réussite de l'installation d'un point de vente en franchise. L'enjeu est de trouver le bon compromis entre le concept, la surface, le budget et l'emplacement. 48% des réseaux de franchise citent ainsi le prix et la rareté des emplacements comme principale difficulté. Pour pouvoir être supportée, la valeur locative ne doit pas dépasser 10 % du CA généré et le montant des charges doit bien sûr être pris en compte. Accessibilité, visibilité, concurrence dans la zone...

Selon la synthèse de Procos, fédération française du commerce spécialisé, les surfaces commerciales autorisées ont reculé de 6,5 % en 2018. Les chiffres détaillés confirment cette tendance avec la surface de plancher autorisée à travers les demandes de permis de construire en baisse de 23 %, et la surface de construction engagée en décroissance de 6,5 %. 2018 n'aura donc pas été une année très intéressante pour l'immobilier commercial, d'autant plus que les extensions, opérations moins risquées, ont gagné du terrain en représentant 40 % des surfaces autorisées, contre 29 % en 2017.

Le gouvernement veut engager prochainement les travaux du gigantesque complexe commercial, sur le triangle de Gonesse. Le projet vante des milliers d’emplois créés. Pas si sûr.

Pointée du doigt, la périphérie urbaine ne fait pas le poids sentimentalement parlant face aux centre-villes, que tout le monde essaie de ranimer en 2019. Pourtant, la périphérie offre de nombreux atouts aux enseignes prêtes à s'y implanter. La population est plus nombreuse en banlieue qu'en centre-ville, offrant un public potentiel plus important. Les loyers sont également moins chers, et la résilience affichée est meilleure qu'ailleurs, avec un CA en baisse plus lente qu'en centre-ville pour les boutiques.

Alors que le début des travaux est imminent, les opposants au projet Europacity de Gonesse ont marché vers Matignon.

En 2020, les projets de grandes constructions commerciales semblent dépassés au profit du réaménagement des commerces de ville déjà installés et de la préservation de la nature. Sur les 41 projets d'immobilier commercial en cours (échéance fin 2020) 2/3 sont des rénovations ou des extensions de bâtiment existant et les 3/4 se situent dans les centres-villes ou les quartiers périurbains.

En indiquant aux préfets qu'ils avaient carte blanche pour freiner les projets d'aménagement commercial, le premier Ministre français Jean Castex a déclenché l'ire des professionnels du secteur en septembre 2020. Le chef du gouvernement anticipe une probable future loi, à venir en 2021, qui visera à lutter contre l'artificialisation des sols en limitant les projets de centres commerciaux. Les promoteurs se montrent tous unis contre ce moratoire, dénonçant une nouvelle mise au ban de leur métier, délaissé au profit des commerces de centre-ville et des préoccupations environnementales.

Les « boulangeries du rond point » séduisent les adeptes de la voiture et des promos. Et soulignent les contradictions de la société.

Le développement de l'urbanisme commercial a fortement transformé les villes françaises depuis le milieu du XXe siècle. Les commerces, qui ont pris de plus en plus de place en même temps que l'automobile démarrait son règne, posent désormais question en 2021. L'heure est à la lutte contre l'artificialisation des sols et à l'arrêt de l'expansion commerciale. Mais les élus et distributeurs veulent continuer à construire pour attirer toujours plus de clients, vantant également leur apport en matière d'attractivité du territoire.