Une étude montre que les humains modernes portent une mutation génétique qui leur aurait permis de générer plus de neurones que les néandertaliens. Cette différence a-t-elle donné un avantage cognitif décisif aux "H. sapiens" par rapport à leurs cousins disparus ? Le débat s'engage.

Il n'en finit pas de bouleverser notre compréhension de nous-mêmes. Points, traits, mains négatives... Des dessins simplistes sans doute, mais tracés plus de 20 000 ans avant ceux d'Homo sapiens ! Et si l'art, finalement, était aussi le propre de Neandertal ?

L'Europe ne commence pas avec les Grecs. Pas davantage avec les Phéniciens, les Celtes ou les mythiques Indo-Européens... Avant eux, il y a eu Cro-Magnon, Neandertal - et encore avant Homo heidelbergensis , antecessor ou erectus L'histoire qu'ils écrivent ensemble, des Balkans à l'Atlantique, s'étire sur deux millions d'années, faites de découvertes, de souffrances, de succès et de disparitions. Mais que sait-on de cette époque, largement méconnue ?

Une nouvelle fantastique vient de faire le tour des médias : Néandertal aurait, comme Cro-Magnon, lui aussi dessiné des animaux sur les parois des grottes ! Hélas si rien ne s'oppose à ce que notre cousin longtemps sous-estimé ait pratiqué l'art figuratif, aucune preuve formelle ne peut encore l'établir à ce jour.

Néandertal figure en bonne place parmi les grandes questions de l'archéologie. Souvent assimilé à un homme préhistorique bestial, dénué de culture et de talent, Néandertal continue de se révéler et de bousculer les très nombreuses idées reçues à son encontre. Jean-Paul Démoule, archéologue émérite, ancien président fondateur de l'Institut national de recherches archéologiques, retrace son évolution à l'aune de l'avancée de la science.

S'il a rencontré Homo sapiens, partageant même avec lui quelques-uns de ses gènes, l'homme de Néandertal a disparu voici 35000 ans dans des circonstances encore largement méconnues. Animé de préoccupations d'ordre symbolique, il semblerait n'avoir laissé aucune réalisation artistique d'envergure. Depuis sa découverte au XIXe siècle, l'imaginaire collectif en a parfois fait - et à tort - un primate peu évolué, le parant de préjugés tenaces que l’exposition du musée de l'Homme nous invite aujourd'hui à balayer. Sommaire. Néandertal à l'honneur.

Le 23 février 2018 paraissait, dans la prestigieuse revue américaine "Science", un article rédigé par Hoffmann et al., qu'"Archéologia" présenta (voir n°564) et qui fit grand bruit car il annonçait la découverte, dans trois grottes d'Espagne, d'un art pariétal plus ancien que 64 800 ans, reculant ainsi l'origine de cette forme d'expression graphique d'au moins vingt-cinq millénaires. Or, en Europe, ne vit à cette époque que l'homme de Néandertal; ces représentations devaient donc lui être attribuées, induisant un revirement remarquable de nombre de nos conceptions sur cette population.