C'est l'une des armes utilisées par Emmanuel Macron dans sa "guerre" contre le Covid-19 : le "nudge", un concept qui vient des sciences comportementales américaines. Des sortes d'incitations douces, qui amènent les citoyens à adopter les comportements souhaités par les autorités sans qu'ils ne s'en rendent compte. La politique de demain ? Ou de la manipulation ?

Gaz russe aux abonnés absents, parc nucléaire français en rade... L'hiver s'annonce rude en matière d'énergies. Pour éviter d'éventuelles coupures ou rationnement de gaz et d'électricité, le gouvernement appelle la population à être « au rendez-vous de la sobriété ». Face à cette demande, les Françai.es sont partagé.es: si 48% estiment que baisser le chauffage chez soi est une bonne idée, 54% jugent que les particuliers devraient faire moins d'efforts que les professionnels.

La persuasion est un art difficile. Le marché de la publicité le prouve, avec ses milliards déboursés pour nous vendre n'importe quoi. La tâche est encore plus ardue quand il faut diriger les gens vers des comportements qui les rebutent de prime abord. Alors pour y parvenir sans payer (trop) cher, on a inventé une nouvelle méthode: le nudge !

Afin de guider les citoyens vers plus de rationalité, l'usage du "nudge", une technique "d'incitation douce" à la décision, se développe. Mais, utilisée à des fins de profitabilité, elle peut vite virer à la manipulation.

Pendant la crise du Covid-19, le gouvernement s'est appuyé sur des spécialistes en sciences comportementales pour inciter les Français à prendre de "bonnes" décisions.

Gare aux nudges ! Ces techniques à la croisée des sciences cognitives et de l'économie sont utilisées pour influencer nos choix dans tous les domaines, de la consommation à la politique. Au risque de « pirater notre conscience », alerte le psychanalyste Roland Gori.

Face à l'essor des nudges verts, notre objectif est de déterminer les facteurs de leur efficacité par une revue systématique, suivant la méthode PRISMA, qui analyse 28 articles et 73 dispositifs de nudges pro-environnementaux. Suite à une redéfinition du concept et une catégorisation fondée sur la théorie des niveaux de représentation et de la distance psychologique (opposant le levier du "comment" à celui du "pourquoi" du choix), l'efficacité des nudges verts est analysée.

A quoi tient l'attribution d'un prix Nobel ? Parfois, à un bol de noix de cajou. Dans son discours d'acceptation du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel, communément appelé "prix Nobel d'économie", l'Américain Richard Thaler a raconté le minuscule événement qui l'a conduit à considérer l'essentiel de ses travaux à l'économie comportementale.

Les encouragements discrets à baisser son chauffage ou à imprimer ses documents en recto verso – les fameux « nudges » – auraient un impact minime. Pire : ils joueraient le rôle de distracteur, éloignant des solutions véritablement efficaces – lois contraignantes et changements profonds de l’organisation économique et sociale.