En panne, le progressisme respire donc encore, tant il est vrai que l’espérance – c’est-à-dire la capacité à se projeter dans l’avenir – reste un besoin naturel de l’espèce humaine.

Le contraste est grand entre le sentiment de victoire historique qu’avaient, il y a trente ans, les Européens et leur surprise actuelle devant la la réaffirmation de régimes qui refusent de s’aligner sur eux. Ils se félicitaient de voir assurés les fondements de la démocratie (les libertés publiques, le marché, la représentation politique) sur un continent exemplaire, dont le modèle ne pouvait que s’imposer mondialement.

Nous étions bien abusés. Je ne suis détrompé que d’hier. Jusque-là, nous pensions que la politique avait pour objet le bien commun, la liberté individuelle ou collective, l’exercice du pouvoir, la conservation de la société, les formes de la citoyenneté, l’encadrement de l’exploitation, la protection contre la barbarie, la nation, l’ordre, le profit, le salut d’un peuple, les institutions, ou la révolution. Nous en débattions depuis quelques millénaires, souvent avec emportement. Des rébellions, des révoltes, des guerres étaient provoquées par ces puissants désaccords.

Le jeune chercheur à Harvard Yascha Mounk signe un plaidoyer vibrant pour les démocraties libérales. De passage à Paris, il a livré ses analyses à "L'Express".

S'il est un « spectre » qui hante aujourd’hui l’Europe et l’Occident, ce n’est plus celui du communisme, mais celui du « populisme ». Parmi les nombreux ouvrages déjà disponibles sur le phénomène, celui de Yascha Mounk s’est imposé comme l’une des mises au point les plus complètes et les plus solides. C’est pourquoi il nous a paru fournir la base d’une discussion féconde sur la nature de ce péril inédit qui ébranle les démocraties de l’intérieur. Que représente-t-il au juste ? Quelles en sont les sources ? Laurent Bouvet apporte son analyse.

Dans "La gauche identitaire. L'Amérique en miettes" (Stock), le philosophe américain Mark Lilla enjoint à la gauche de renoncer à la tentation identitaire pour revenir à des vertus universelles. Analyse.

Le mot "réforme" a changé de sens, il s'utilise aujourd'hui pour habiller l'adaptation des lois aux exigences du marché. A l'inverse, l'esprit des Lumières conduisait à réformer, sans toujours employer le mot, pour libérer les énergies étouffées par la monarchie absolue, ses ordres privilégiés et sa bureaucratie. L'intendant de Louis XVI l'apprit à ses dépens.

De 1763 à 1867, le destin du Canada s'engage dans une longue quête d'identité. Pendant cette période, la colonie ne cesse de vaciller entre ses deux forces centrifuges : la province française et son pendant anglais. Un siècle d'union forcée, de séparation, de rébellion, et de bataille démographique et linguistique. Sommaire. Les soubresauts de la révolution américaine. La quête délicate de l'unité politique. De la rébellion à l'acte d'union. Vive le canada libre (ou presque). L'invité du "Spécial", Serge Joyal.