Le spectacle du carnaval des fous, une forme de « libération » à date fixe et sous contrôle médical, peu propice sans doute à susciter l'enthousiasme chez un Foucault déjà en porte-à-faux par rapport à des pratiques hospitalières qui avaient « transformé les salles d'agités en grands aquariums d'eau tiède ».

Nous avons souhaité demander aux éditeurs de la Pléiade de rendre compte de leur travail d'édition et les interroger sur le sens de l'entreprise, mais aussi sur la manière dont ils interprètent sa réception dans la presse, auprès du public, et dans le monde de la recherche. Répondent ici à nos questions Martin Rueff et Frédéric Gros, qui a dirigé l'équipe éditoriale.

La contextualisation de chacun des textes présentés est sans doute l'une des grandes richesses de cette édition : à la lumière de matériaux souvent inédits (dossiers préparatoires, fiches de lecture, fragments variés, manuscrits autographes, mais aussi, par exemple, ce qu'il est désormais convenu d'appeler le « Journal intellectuel » de Foucault déposé à la BnF), c'est leur « fabrique » littérale qui est ainsi restituée pour la première fois.

Cette conférence, non datée, examine les relations entre littérature et folie à partir de deux exemples éloignés dans le temps : le théâtre baroque et le théâtre d'Artaud. Toute notre reconnaissance va à Henri-Paul Fruchaud et Daniele Lorenzini, qui l'ont retranscrit et annoté, ainsi qu'aux ayants-droit de Michel Foucault qui en ont autorisé la publication.

Foucault prononce en 1973 un cours au Collège de France intitulé ″La société punitive″. Ce cours, encore inédit, offre les premières grandes propositions théoriques de Foucault sur la naissance de la prison. Elles seront reprises, infléchies, reproblématisées dans ″Surveiller et punir″.

En 1984, Michel Foucault présente ce qui sera son dernier cours au Collège de France. Il le consacre au courage de la vérité, cette tâche commune au travail philosophique et politique. L'étude des cyniques antiques lui permet d'illustrer sa réflexion sur le scandale du dire vrai.

On a pu dire à propos de Michel Foucault que son principal mérite était de nous avoir enfin débarrassés de l'idée même de vérité. En s'appuyant sur la lecture des premiers écrits de Nietzsche, il a établi qu'elle ne reposerait que sur une distinction entre le vrai et le faux toujours à déconstruire - d'autant plus que cette opposition serait au service de l'ordre en place. La vérité serait-elle donc une variable culturelle ?

Trente ans après sa mort, l'influence du philosophe, dont on publie les cours au Collège de France, s'étend à la politique, à l'économie et même à la spiritualité.

Surveillance des individus, dressage des corps, développement du système carcéral... Pour Michel Foucault, le pouvoir des sociétés occidentales modernes s'est fondé sur une organisation minutieuse de la discipline.

Il y a deux cent cinquante ans, en juillet 1764, Cesare Beccaria (1738-1794), disciple des Lumières, publie anonymement à Livourne l'ouvrage de cent pages qui l'immortalisera : "Dei delitti e delle pene" ("Des délits et des peines"). Modération, sécularisation et légalisation des châtiments selon la gravité et pour la prévention des crimes, correction et socialisation du condamné : à ce nouveau paradigme pénal, il ajoute l'abolition de la peine capitale pour les crimes de droit commun.