Plébiscité à Cannes, à Annecy ou encore à Los Angeles, "J'ai perdu mon corps", de Jérémy Clapin est un premier long métrage d'animation singulier qui oscille entre l'odyssée épique et le récit intimiste. Une main, détachée de son corps, erre dans la ville à sa recherche. Dans son périple, elle se souvient de son existence et les flashbacks de l'enfance se mêlent au souvenirs plus récents.

L'édition 2019 du Festival d'Annecy est venue confirmer la bonne santé, la richesse et la diversité du cinéma d'animation en général, mais aussi son attrait, qui a permis à la manifestation de battre des records de fréquentation.

"Les Hirondelles de Kaboul", adapté du roman éponyme de Yasmina Khadra, est l'un des films d'animation français les plus attendus de l'année. Sélectionné à Cannes (à Un Certain regard) puis en compétition à Annecy, avant de remporter deux prix, dont le Valois de diamant, au Festival du film francophone d'Angoulême, il est le résultat de la collaboration entre la comédienne, scénariste et réalisatrice Zabou Breitman et de l'animatrice et réalisatrice Eléa Gobbé-Mévellec.

Bertrand Mandico est l’un des cinéastes français les plus singuliers de sa génération, qui trace depuis plus de vingt ans une oeuvre qui ne prend jamais le cinéma pour acquis, mais comme un langage en perpétuelle mutation. Celui qui a commencé par des études d’animation à l’école des Gobelins distille depuis son premier court métrage animé, "Le Cavalier bleu", récompensé à Annecy en 1998, une partie de son esthétique : assemblage d’éléments macabres ou grotesques, univers onirique inquiétant, ton surréaliste et goût pour le bizarre, l’inattendu et une certaine forme de radicalité.

"Retour à Reims (fragments)" marque le retour de Jean-Gabriel Périot au film de montage. S'appuyant sur l'indispensable essai autobiographique publié en 2009 par le philosophe et sociologue Didier Eribon, il retrace l'histoire de la classe ouvrière au XXe siècle en illustrant, complétant et prolongeant la réflexion de l'auteur (qui met en perspective sa propre trajectoire avec l'histoire douloureuse de sa famille) par des images d'archives tirées de films de fiction, de documentaires ou d'émissions télévisées qui viennent sans cesse dialoguer avec son témoignage.

Florence Miailhe fait du cinéma depuis plus de trente ans, et c'est après être devenue une figure incontournable du court métrage d'animation qu'elle s'est lancée dans l'aventure de "La Travenée". Cette fresque intime et bouleversante sur l'exil, entièrement réalisée en peinture à l'huile animée directement sous la caméra, arrive comme un point d'orgue dans une carrière saluée internationalement, et dont la cohérence esthétique comme thématique est indéniable. Sommaire. Florence Mirailhe, l'animation en liberté.

Après le virvoltant "Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait", Emmanuel Mouret revient avec une proposition épurée dont le titre décrit très cliniquement le propos : suivre deux amants illégitimes (il est marié, elle ne veut pas "faire de plans sur la comète") au fil de leurs rendez-vous secrets. Une nouvelle variation autour du sentiment amoureux (illicite, inavouable, irrépressible) qui dissimule derrière son habituelle légèreté apparente la mélancolie propres à ces amours clandestins, et le doute lancinant sur la possibilité d'une autre vie qu'il aurait suffi de saisir.

En ce mois de novembre 2017, le 37e Festival d'Amiens célèbre Alain Cavalier dans une large rétrospective. Depuis son premier long métrage, "Le Combat dans l'île" en 1962, son oeuvre est marqué par une exigence formelle toujours plus grande. Et, malgré cette intransigeance, ou plutôt grâce à elle, il a obtenu un reconnaissance internationale incontestable dès le triomphe de "Thérèse" à Cannes en 1986. Dans son bureau, (faut-il dire atelier ?

"L'Ile aux chiens" marque le retour de Wes Anderson au cinéma d'animation presque dix ans après le succès de "Fantastic Mr Fox". Cette fois encore, il propose un récit d'aventures romanesque et loufoque dans lequel il met son célèbre sens de la mise en scène au service de marionnettes animées image par image. Ici, plus de renards, mais des chiens persécutés par un maire qui leur voue une haine féroce, et décide de les exiler sur une île voisine servant de décharge publique.

Isao Takahata, qui a régné sur le monde de l'animation mondiale pendant près de cinquante ans, s'est éteint le 5 avril 2018, à l'âge de 82 ans. Moins connu que son ami et rival Hayao Miyazaki, avec lequel il avait fondé le studio Ghibli en 1985, le grand réalisateur laisse derrière lui neuf longs métrages (huit animés et un documentaire en prise de vue réelle sur la préservation du canal de la ville de Nagayama), quelques courts (dont les merveilleux "Panda petit panda" scénarisés et dessinés par Miyazaki) et plusieurs séries télévisées (parmi lesquelles l'indémodable "Heidi").

Dans une société iranienne corsetée par la morale, "Téhéran Tabou" suit le destin de trois femmes aux prises avec les interdits rigides entourant la sexualité. Il y a une femme enceinte que son mari empêche de travailler, une autre qui essaye de divorcer et sa prostitue pour nourrir son fils, et une troisième qui doit subir une intervention réparatrice pour faire croire à son futur époux qu’elle est encore vierge.

Sensation du dernier festival de Cannes, où il était présenté dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs - devenue entre temps Quinzaine des Cinéastes - le nouveau long métrage de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor est un documentaire aussi éprouvant qu'exaltant, dont il est difficile de sortir tout à fait indemne. Au delà de ce qu'il montre, entre beauté abstraite d'un univers corporel inconnu et images insoutenables d'une chair en souffrance, il propose une réflexion passionnante sur ce qui fait corps.

Suite à la mort suspecte de son mari, retrouvé sans vie au pied de leur chalet isolé en pleine montagne, une écrivaine reconnue se retrouve accusée de meurtre. Sous couvert de mettre au jour la vérité, son procès, auquel assiste leur fils malvoyant de 11 ans, devient rapidement une plongée brute et quasiment chirurgicale dans la relation intime du couple, dont tous les secrets sont étalés au grand jour.

Rencontre avec la réalisatrice malaise Amanda Nell Eu, dont le premier long métrage - une fable malicieuse et moderne sur les affres de l'adolescence et le poids qui continue de peser sur les femmes à travers le monde - a remporté le Grand prix lors de la 62e Semaine de la Critique.