Le film à sketches est un joyeux fouillis. Tel cinéaste utilise le format court pour se livrer à des variations sur un thème ("Le Plaisir", de Max Ophuls), tel autre cache un de ses chefs-d'oeuvre dans un ensemble disparate ("Que sont les nuages ?" de Pier Paolo Pasolini, dans le collectif "Caprice à l'italienne"), ou tel autre se grise de caricatures d'autant plus efficaces qu'elles sont brèves (Dino Risi, dans plusieurs titres). Les acteurs, quant à eux, offrent un concentré de leur art dans la forme courte (Charles Laughton dans "The Clerk" d'Ernst Lubitsch- il est vrai !

Nous avançons dans un véhicule tout terrain, à la lumière des phares, à travers un espace vierge, pour nous arrêter un peu plus loin, sur une scène de crime. Au loin, le cadavre d'une femme. Elle est nue et sa présence semble inattendue au milieu de ce no man's land Mais au fond pas plus que cela tant l'étrangeté qui nimbe le film s'installe durablement pour ne pas s'en extraire, pour ne pas nous quitter. On croit un moment à un thriller, le cinéma chinois n'étant pas le dernier à proposer quelques joyaux du genre.

La mort de Jean Paul Belmondo a provoqué les effusions, regrets et rétrospectives prévues, en France et dans le reste du monde. Au milieu des dialogues et commémorations, du Français moyen au Président de la République, il fut facile de constater que l'une des raisons de l'unicité du chagrin fut au contraire la multiplicité des visages de l'icône disparue, et la possibilité pour chacun de se l'approprier. L'article se poursuit par l'interview de Claude Lelouch.

"Le Parfum vert" est un pur enchantement, qui nous permet de retrouver notre âme d'enfant en nous entraînant dans une aventure échevelée comme on en faisait encore dans les années 1960, du temps où De Broca faisait faire des cascades à Belmondo. Mais de par sa dynamique feuilletonesque, ses retournements improbables, la multiplication de chausse-trapes et de complots en tous genres, le film nous emporte plus loin encore dans le temps, à l'époque ou Hergé et Hitchcock (que Nicolas Pariser chérit l'un et l'autre) faisaient rouler de gros yeux à leurs personnages pour mieux nous faire sursauter.

Se retrouver isolé chez soi en ayant plus que jamais le temps de s'adonner au plaisir de voir des films pourrait a priori être un rêve de cinéphile. Les confinement, couvre-feu et reconfinement que nous subissons depuis neuf mois nous en ont cependant donné un aperçu amer.

Amplifié par la crise sanitaire, le succès des plateformes précipite le rétrécissement du parc de salles américain. Après la sortie sur Netflix de "The Irishman", Martin Scorsese s'apprête à tourner sa prochaine fiction sous la bannière Apple, et pourtant, dans un récent article sur Fellini paru dans "Harper's Magazine", il alerte : le cinéma peut-il survivre dans un secteur où seuls comptent les « contenus », pas les oeuvres ? Nous nous interrogeons sur ce qu'il advient de la politique des auteurs dans ce système de production, de diffusion et même, de formation.

Il faut remercier Elephant Films d'offrir dans leur intégralité e trois film de Fernando Di Leo du début des années 1970, inédits en DVD et sortis en salles à l'époque uniquement dans des version françaises mutilées (offerte ici en bonus). Pourtant, les amateurs du cinéma d'exploitation avaient u très tôt distinguer cette trilogie du tout-venant du "poliziottesco" (néopolar italien ou "polar spagheti"), apparu à la fin des années 1960 quand Je western italien brillait de ses derniers feux.

Parmi les films présentés à Cannes en 2021 qui ont particulièrement frappés aux "Cahiers du cinéma" et qui sortent en salle pendant l'été, nous nous penchons ici plus longuement sur quatre : "Annette" de Leos Carax, "Benedetta" de Paul Verhoeven, "France" de Bruno Dumont, "Drive My Car" de Ryusuke Hamaguchi. Les journalistes de la revue se sont notamment intéressés à leur génèse et fabrication. Sommaire. Abimes flamboyants. Glammy motors, entretien avec les Sparks. La fabrique d'"Annette". Une "dramédie" musicale en son direct. Mario(a)nnette.

"Old", l'un des plus beaux films de l'année 2021, n'a pas contredit le grand attachement que les "Cahiers" ont toujours eu pour M. Night Shyamalan. Par sa façon de travailler très directement sur l'imaginaire et le mythe tout en restant fidèle à son goût de la litote et du réalisme, soit à contre-courant de la surenchère spectaculaire et du recyclage mercantile, il continue à occuper une place très singulière, et même salutaire, au sein du cinéma américain.

Depuis la révolution de 1979, une nouvelle période a commencé pour le cinéma iranien, dont les représentants les plus connus à l'étranger sont :Abbas Kiarostami, Am ir Naderi, Mohsen Makhmalbaf, Samira Makhmalbaf, Jafar Panahi, Bahman Ghobadi, Mohammad Rasoulof, Abolfazl Jal iii, Rakhshan Banietemad, Shahram Mokri, Asghar Farhadi, entre autres. Plus récemment, on peut dire que le talentueux Saeed Roustayi incarne une nouvelle génération de cinéastes, qui porte un cinéma populaire, différent du cinéma d'auteur iranien qu'on connaissait jusqu'à présent en Occident.

Film d'époque populaire ou autofiction d'auteur, tentations naturalistes et embardées vers la bande dessinée : Lacoste se laisse promener d'un recoin à l'autre avec un naturel rare, comme il se laisse promener par l'enquête nomade du "Parfum vert", qui le dispute à Hitchcock, à Kafka et aux mystères primesautiers des albums de Raymond Macherot. Cette souplesse, il la doit peut-être à son statut de seul véritable acteur-né dont dispose le cinéma national, mais aussi de comédien français par excellence.