Classés "probablement cancérogènes" par l'OMS, les additifs nitrés dans la charcuterie sont ciblés par une proposition de loi et une pétition visant à les interdire, mais défendus par un groupe de pression de 300 entreprises. Ses armes : procès en rafale contre l'application anti-malbouffe Yuka et financement d'études scientifiques équivoques. Enquête.

La proposition de loi visant à interdire progressivement les additifs nitrés dans les produits de charcuterie doit être débattue en séance du 3 février 2022 à l'Assemblée nationale. Préalablement, elle a été largement amandée. Porté par une cinquantaine de députés, le texte a fait l'objet de débat dans la filière. La Fédération des industriels de la charcuterie et du traiteur (Fict) continue de défendre l'utilisation des nitrites et des nitrates, au nom de la sécurité sanitaire. Également, la réduction des nitrites mettrait en péril les éleveurs de la filière porcine. Explications et détails.

Le député s'est battu contre les lobbies, les marchés et la FNSEA pour protéger la France d'en bas. Son abnégation prouve qu'une juste cause doit être défendue sans relâche. Tout n'est pas réglé, certes, mais la malbouffe est ébranlée.

Depuis plus de trois ans, les nitrates et nitrites, ces additifs largement présents dans la charcuterie, sont au cœur de vifs débats. Plébiscités par les industriels pour leur rôle de conservateurs, de colorants et d’antiseptiques, les E249, E250, E251 et E252 seraient pourtant la cause d’au moins 4 000 cancers colorectaux par an en France. Exit les nitrites ? Pas si sûr. Sommaire. "Les industriels mènent la danse". Comment le gouvernement s'arrange pour saucissonner en douce le dossier.

En juillet 2022, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a confirmé le lien entre risque de cancer colorectal et consommation de produits incluant des conservateurs à base de nitrites ou nitrates. Dans la foulée, le gouvernement a annoncé, pour l'automne 2022, un plan d'action visant à réduire ces additifs dans les aliments. Sauf que cette pratique engendrerait d'autres problèmes...

Les additifs nitrés sont utilisés dans la charcuterie en raison leur rôle d’inhibiteur de croissance d’agents pathogènes, y compris la germination des spores des Clostridies. La conservation des viandes est basée sur l’apport conjoint de nitrites et chlorure de sodium, qui diminue l’activité de l’eau (aw). Cependant, ces procédés de conservation et de stockage font l’objet de nombreuses critiques. D’un point de vue nutritionnel, une consommation excessive de sel est associée à des pathologies sévères telles que les maladies cardiovasculaires.