Film-labyrinthe, plongée dans un cerveau psychotique, comédie hallucinée, "Beau is afraid" regarde un homme rentrer chez lui. Ce pourrait être le cheminement d'Ari Aster qui après quelques courts et deux longs semble avoir trouvé sa véritable maison-ciné. Il revient ici sur son odyssée personnelle et la route qui l'a mené à "Beau is afraid".

Rien n'est pleinement fixé pour les personnages de Hong Sang-soo, parce que le genre humain est extrêmement ambigu dans ses films, et cette ambiguïté fait tout son charme. Ce charme apparaît comme il disparaît, il ne se veut pas défini : on ne peut que l'effleurer, il est diffus, répandu dans l'instant ; c'est une présence. Gam-hee, le personnage qu'interprète ici Kim Min-hee, a cette qualité de présence. Elle est précisément évasive- et ce serait une définition possible du charme. S'enfuir, comme il est dit dans le titre du film, ne pourrait-ce pas être aussi s'évader?

Vincent Malausa signe la critique du film, intitulée "Tristesse des sirènes". Joachim Lepastier a rédigé l'article "Filmer le monde invisible" qui donne la parole aux deux réalisateurs, Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav.

Les gigantesques flammes qui ont dévasté l'Australie cet hiver 2019 réveillent le souvenir d'un âge d'or du cinéma austral dans les années 70 et 80, quand les cinéastes des antipodes interrogeaient l'imaginaire du désastre et de la fin du monde.

Voyage à Gabès, à la rencontre de la jeune garde du cinema tunisien, fuyant les circuits touristiques classiques et prenant ses distances avec un certain discours post-révolutionnaire.

Un été avec Bava, à qui la Cinémathèque rend hommage jusqu'au 28 juillet 2019 tandis que Théâtre du Temple a sorti en salle le 3 juillet trois films en version restaurée : "La Ruée des Vikings" (1961), "Les Trois Visages de la peur" (1963) et "Six Femmes pour l'assassin" (1964).

Comment faire suite, s'il faut donner suite, au vertige, au sommet qu'a été, en 2014, "P'tit Quinquin" ? Comment revenir dans ces paysages, ces cours de fermes , ces routes communales, comment revenir auprès de ces personnages, les gendarmes, les gens du lieu, et Quinquin qui aura grandi ? Comment relancer la machine burlesque de "P'tit Quinquin", machine folle et sans exemple, comment renouveler le rire fou ? La réponse de Bruno Dumont est très simple : elle semble consister à en rajouter une couche, ou plutôt en rajouter des couches, des tonnes.

"13 novembre : Fluctuat nec mergitur", le film des frères Naudet consacré aux attentats, est en ligne sur Netflix depuis le 1er juin 2018

Le beau documentaire de Suhaib Gasmelbari, "Taking About Trees" (en salle le 18 décembre 2019), est autant un acte de renaissance du cinéma soudanais que la quête des maigres et splendides joyaux d'un cinéma longtemps resté à l'abri des regards. Présence d'un second articule intitulé "A ciel ouvert" (propos de Suhaib Gasmelbari).

Plutôt que de l'ouvrir à de nouveaux horizons, le virage vers le polar amorcé par "Good Time" semble avoir resserré l'oeuvre des frères Safdie sur ses bases afin d'en relancer la force d'enchantement - qu'on ne pourra malheureusement pas apprécier sur grand écran, le film n'étant diffusé que sur Netflix.

Voyage en Birmanie, où la récente ouverture de l'économie fait revivre une industrie de cinéma dont la mémoire s'est égarée dans la nuit d'une histoire tragique. Sommaire. Rêves et mémoires de Birmanie. Un cinéma inconnu.

L'occasion de la sortie du dernier film de et avec Clint Eastwood, "La Mule" permet de livrer un regard singulier sur ce comédien qui accuse son âge et qui jette un oeil toujours aiguisé sur la société contemporaine. Florence Maillard livre la critique du film. Vincent Malausa retrace les métamorphoses de l'acteur. Enfin Joachim Lepastier estime qu'Eastwood a préféré figurer une vanité de son temps plutôt qu'un "film-testament". Sommaire. Grand-père prodigue. Dernier regard. Le maître des vanités.

Chaque année, La Réunion entre en éruption grâce au festival Même pas peur.

Avec "Le Réveil de la Force" ,J.J.Abrarns avait placé la grande mission de résurrection de la saga "Star Wars" opérée par Disney sous le signe d'une incandescence et d'une légèreté bienvenues. C'est aujourd'hui à Rian Johnson (remarqué avec Brick en 2006) de reprendre le flambeau de cette entreprise aussi périlleuse que passionnante. "Les Derniers Jedi" explore une belle idée, celle de la généalogie de Rey, l'orpheline détentrice à son insu de la sacro-sainte force.

Na Hong-jin est un cinéaste énigmatique dont le parcours solitaire et la rareté (trois films en dix ans, le prochain toujours en cours d'écriture) attisent la curiosité. Nous sommes partis à sa rencontre, à Séoul, afin de percer un peu de ce mystère qui entoure celui qui porte l'héritage précieux des maîtres du cinéma de genre coréen du début des années 2000, un âge d'or dont il assume, à peu près seul, le renouveau générationnel.

Dans la petite troupe des saltimbanques de la nouvelle comédie française (Antonin Peretjatko,Justine Triet, Leonor Seraille, Vincent Macaigne, Laetitia Dotsch, Vincent Dietschy... ), Ilan Klipper surgit de manière inattendue et salutaire.

Après "Mediterranea", Jonas Carpignano poursuit son exploration des minorités délaissées. Dans "A Ciambra", il suit les tribulations d'un ado de la communauté gitane de la banlieue misérable de Gioia Tauro, en Calabre, qui va devoir devenir chef de clan.

Karim Moussaoui, cinéaste algérien, reste partagé entre un discret nihilisme social (l'état des lieux d'une société assoupie dans l'immobilisme et la corruption) et un impétueux désir de changement avec son récit à tiroirs, "En attendant les hirondelles".

Voyage au Kurdistan irakien, à l'occasion du Duhokiff, le festival de Duhok

A la découverte du plus grand documentariste coréen.

Danseur, acrobate, alpiniste, Thomas Salvador est aussi et surtout un acteur-réalisateur désormais bien identifié (une véritable saga de courts métrages et un éclatant premier long, "Vincent n'a pas d'écailles", en 2014), que son entêtement et sa singularité ont placé dans une rare lignée burlesque du cinéma français - à la manière d'un fantôme de Tati ou d'un cousin d'Albert Jeanjean, le personnage inventé par les frères Podalydès, en plus acharné et comme exilé aux confins de la société.

Dans "Killers of the Flower Moon", situé dans l'Oklahoma des années 1920, Scorsese s'intéresse donc pour la première fois aux Indiens. Dans l'ensemble qui ouvre ce numéro, les articles de Vincent Malausa et Yal Sadat ainsi que l'entretien avec l'écrivain et scénariste David Grann sont suffisamment riches et précis pour que l'on s'arrête que sur un point : la façon dont la figure indienne est magnifiquement incarnée par Lily Gladstone, actrice née dans une réserve Blackfeet du Montana et qui interprète ici le rôle central de Molly, la femme Osage d'Ernest (Leonardo DiCaprio). Sommaire.