Un peu comme "Les Etendues imaginaires" de Yeo Siew-hua que nous avions défendu il y a deux mois, "Dieu existe, son nom est Petrunya" appartient à la catégorie des films qui dévoilent la réalité d'un pays tout en portant sur elle un regard fécond et singulier. Ici, ce sont le machisme de la société macédonienne, l'enlisement du pays dans des traditions sclérosées ainsi que le rapport entre l'Etat et l'Eglise qui fournissent la toile de fond de l'intrigue.

Depuis "Peppermint Candy" en 2000, notre revue porte une attention soutenue et enthousiaste au travail de Lee Chang-dong (trois couvertures, trois entretiens). L'année dernière, nous fûmes si complètement transportés par "Burning" (voir n° 691, p. 16) que nous décidâmes de revenir plus longuement sur l'oeuvre du cinéaste coréen. La sortie ce mois de l'édition française du DVD nous en donne l'opportunité.

Si, cette année, la météo était tempérée à Bologne pendant les journées de Il cinema ritrovato, l'activité du festival était comme d'habitude surabondante. Entre les quatre salles habituelles et les lieux de projection ou de conférence supplémentaires, le seul problème du festivalier était celui des choix et des frustrations qui en découleraient. Voir un long métrage chinois ou un muet de Luigi Maggi ? Un film peu connu de John Stahl ou revoir un mélo mexicain de Gavaldon !

Le musical est célébré dans le cadre prestigieux de la Philharmonie de Paris, notre partenaire pour ce numéro double (exposition « Comédies musicales, la joie de vivre du cinéma », du 19 octobre 2018 au 27 janvier 2019). On le dit souvent mal en point, on regrette les classiques du passé, et pourtant ... Son énergie et sa poésie innervent une grande part du cinéma contemporain, toutes nationalités et spécificités confondues. Il nous a semblé opportun d'y revenir, une vingtaine d'années après notre dernier numéro consacré au genre (été 1997).

Comme l'écrivait le "Corriere della Sera" la veille du palmarès, le seul gagnant de cette Mostra dont on soit sûr est Alberto Barbera, son directeur artistique qui, depuis quelques années, a relevé le niveau de cette manifestation. Il est parvenu, cette année, à signer une édition d'une réelle qualité due, en partie, à une forte sélection américaine - sept films sur vingt et un en compétition - si l'on inclut "The Shape of Winter" du Mexicain Guillermo del Toro et "The Leisure Seeker" de l'Italien Paolo Virzi, tournés aux Etats-Unis avec des comédiens anglo-saxons.

La nostalgie, voilà le sujet de "Western", le troisième long métrage de Valeska Grisebach dont le splendide "Désir(s)" ("Sehnsucht", 2006) ne cesse, depuis plus de dix ans, de nous hanter. Peut-on échapper à la nostalgie ? Et de quoi sommes-nous secrètement nostalgiques, alors même que nous sommes convaincus de ne pas l'être ?

Ce début 2018 est marqué, pour les cinéphiles, par deux événements importants. D'une part la sortie en salles de "Seule sur la plage la nuit", l'un des plus beaux films de son auteur. D'autre part, la parution des "Variations Hong Sang-soo", un ouvrage collectif d'une rare intelligence. L'occasion était belle de revenir sur la filmographie d'un metteur en scène dont, depuis "Le Jour où le cochon est tombé dans le puits" réalisé en 1996, notre revu a suivi la carrière avec une grande attention. Nous avons tenté de comprendre comment se fabriquait cette oeuvre si particulière.

Quatre ans après un premier court métrage unanimement salué dans de multiples festivals ("Avant que de tout perdre"), le temps de la confirmation est venu pour Xavier Legrand, avec la sortie de son premier long métrage, "Jusqu'à la garde". Immersion glaçante dans le quotidien de la violence conjugale, ce coup d'essai impressionne par sa sensibilité organique, nourrie d'un naturalisme héritier de Pialat autant que d'un découpage de la tension propre au cinéma de genre.

Trois ans après "Vie sauvage", qui retraçait la longue cavale à l'écart du monde d'un père et de ses deux enfants, Cédric Kahn, avec "La Prière", s'intéresse de nouveau à un univers isolé, hors du temps, celui d'une communauté chrétienne où trouvent refuge des toxicomanes au bout du chemin. A travers le destin de Thomas, il filme cette vie collective rythmée par le travail manuel et surtout le culte, la prière et les chants.

Lundi 3 janvier 2018, sous les coups de 20 heures. Ouverture de la rétrospective Samuel Fuller à la Cinémathèque française. La salle Henri Langlois est pleine à craquer, tout le monde ne pourra pas rentrer... Voilà qu'un petit bout de femme - généreuse, vive, drôle - apparaît sur scène. C'est Samantha Fuller, la fille du cinéaste. Quelques anecdotes sur un voyage au Japon avec son père, quelques mots sur l'histoire du tournage ; bref un vrai souci de partager... Enfin, on est dans l'ambiance. La séance peut commencer. Samuel Fuller Presents ! "House of Bamboo !"

"Positif" avait déjà rencontré Mathieu Amalric pour l'interroger sur son métier d'acteur et sa collaboration avec Alain Resnais (no 615 p.101). L'opportunité, hélas, ne s'était pas présentée d'échanger autour de ses réalisations ("Le Stade de Wimbledon", "Tournée", "La Chambre bleue") dont nous avions apprécié l'inspiration romanesque, la liberté de ton et une manière de sincérité à vif. C'est chose faite aujourd'hui à l'occasion de la sortie de "Barbara" auquel le jury d'Un certain regard a attribué le Prix de la poésie du cinéma et qui a obtenu le prix Jean-Vigo.

Vatche Boulghourjian, réalisateur libanais, livre "Tramontane" où on l'y suit le parcours de Rabih, un musicien non-voyant libanais en quête d'un passeport pour aller jouer en Europe. Jean-Christophe Ferrari en livre la critique.

Avec "Voyage of Time", Terrence Malik renoue avec le questionnement philosophique, il a étudié les travaux de Martin Heidegger à l'université, et l'esthétique pour faire réfléchir les spectateurs sur leur sentiment d'habiter le monde. Le film revoie à introspection stupéfaite, douloureuse et émerveillée à la fois.

« Ma place ? Mais quelle est ma place ? Vous êtes exactement à la même place que moi ! » Voici la réponse du modèle au peintre qui vient de s'excuser du pouvoir que, croit-il, sa position lui octroie. A savoir ? Celui de scruter et d'interpréter à loisir un visage et des postures : une mâchoire qui se contracte, des lèvres qui se mordent, un teint qui s'enflamme. Mais voilà le modèle qui rétorque : « Parce que vous croyez que, de ma place, je ne vois pas comment parfois vous respirez par la bouche, comment vous détournez le regard, comment vous haussez les sourcils ?

Avec "Wendy", Benh Zeitlin propose une relecture inspirée et audacieuse de "Peter Pan". Et signe un film sauvage et gracieux.

Retour sur l’oeuvre pas assez reconnue d’un grand cinéaste de la violence de la société américaine. Sommaire. Notre terre plutôt que mars. Fleischer de A à Z.

Le cinéaste et écrivain Alain Guiraudie signe un des grands romans de la rentrée. "Rabalaïre". Ou l'histoire d'un homme qui décide de ne rien céder sur son désir.

Avec "Drive my car", Ryusuke Hamaguchi signe un film bouleversant sur le deuil, la transmission et la nécessité des récits. Et s'affirme avec éclat comme un grand cinéaste.

Avec "Le Genou d'Ahed", Nadav Lapid signe un film qui carbure à l'urgence et à la rage. Mais aussi à la pensée.

Avec "Serre-moi fort", Mathieu Amalric réalise un mélodrame poignant dans lequel un personnage féminin réussit à communiquer avec l'esprit de ses morts.

Avec "Suzanna Andler", Benoit Jacquot adapte une pièce méconnue de Marguerite Duras. Et en livre une version habitée et lyrique.

Andrei Konchalovsky signe avec "Michel-Ange" un audacieux biopic du génial artiste de la Renaissance. Alors que son dernier film, "Chers camarades", a obtenu le Prix spécial du jury à Venise, "Transfuge" a eu la chance de pouvoir s'entretenir longuement avec ce grand du cinéma russe.

Beaucoup des films sortis en cette rentrée se présentent comme des fantaisies. Hélas ceux-ci sont trop souvent truqués. Dommage car le cinéma français sait encore donner libre cours à l'imagination.

Avec "Le Lac aux oies sauvages", Diao Yin an signe un film noir ultra-contemporain situé dans une Chine hallucinée. Sa réalisation est tellement virtuose que beaucoup lui promettait le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Rencontre.

Arnaud Desplechin troque pour une deuxième fois sa casquette de réalisateur pour celle de metteur en scène de théâtre. L'enjeu est de taille : il s'agit de l'adaptation d'une des plus belles pièces contemporaines, "Angels in America" de Tony Kushner. La pièce entre au répertoire de la Comédie-Française, une fierté pour Desplechin. Il a eu la gentillesse de nous ouvrir les portes des répétitions, et de nous expliquer longuement son travail sur la pièce et avec les comédiens. Parions que la pièce sera l’événement théâtral de la rentrée janvier 2020.

Avec "Sortilège", le réalisateur tunisien Ala Eddine Slim nous invite à un voyage poétique vers un ailleurs mystérieux. Rencontre avec un cinéaste qui aime croire qu'il peut exister d'autres mondes que le nôtre.

En réunissant dans "Le Sel du présent" des articles peu connus d’Eric Rohmer, Noël Herpe, le meilleur spécialiste, du cinéaste nous permet découvrir un jalon important dans l’histoire de la critique française comme en témoigne l'article intitulé "Rohmer, un réac irremplaçable".

Le travail de la dramaturge italienne Emma Dante devait faire l’actualité ce printemps et cet été 2020. On l’attendait à Avignon, au Théâtre de la Colline, peut-être à Cannes. Nous l’avons appelée à Palerme pour savoir comment elle affrontait cette vague de reports et d’annulations.