Connu depuis quinze ans des habitués des festivals d'animation, Jérémy Clapin fait une entrée fracassante dans le long métrage avec "J'ai perdu mon corps", Grand Prix de la Semaine de la critique à Cannes, Cristal du long métrage et prix du public à Annecy, et prix de la critique à Los Angeles. Preuve que la ténacité paye parfois : c'est presque seul contre tous - avec son producteur Marc du Pontavice - qu'il a mené à bien un projet dont personne ne voulait. Preuve aussi de la richesse de l'animation française.

Dans "Le Sens de la fête", « On s'adapte ! » , était le leitmotiv de Jean-Pierre Bacri, désopilant en organisateur d'un mariage où tout partait à vau-l'eau. Dans "Hors normes",« on s'adapte » toujours ... mais la réplique récurrente est devenue : « On n'est pas loin ! », Avec une variante : « On va trouver une solution ! ».

Au début d'"El rebozo de Soledad" (1952) - un des plus beaux films de la rétrospective Gavaldon proposée cet été 2019 par le festival de San Sebastian -, une paysanne mexicaine désespérée tient dans ses bras un enfant qui se meurt de la typhoïde. Elle est venue dans ce village parce qu'on y dit la statue de la Vierge « plus puissante que celle du village voisin ». Le hasard fait qu'un médecin croise son chemin. Il comprend qu'il faut d'urgence pratiquer une trachéotomie sinon l'enfant va étouffer. Il opère en pleine rue, juste à côté d'une gare.

Un peu comme "Les Etendues imaginaires" de Yeo Siew-hua que nous avions défendu il y a deux mois, "Dieu existe, son nom est Petrunya" appartient à la catégorie des films qui dévoilent la réalité d'un pays tout en portant sur elle un regard fécond et singulier. Ici, ce sont le machisme de la société macédonienne, l'enlisement du pays dans des traditions sclérosées ainsi que le rapport entre l'Etat et l'Eglise qui fournissent la toile de fond de l'intrigue.

Finalement, les deux films les plus primés de cette 42e édition n'eurent pas droit au prestigieux Cristal d'Annecy. Côté long métrage, "Parvana, une enfance en Afghanistan" - dont nous avons dit le bien que nous pensions (voir no°689-690, p. 129) a été couronné d'un Prix du jury, du Prix du public et de celui de la Sacem pour la meilleure musique originale. Côté court, "La Chute", de Boris Labbé, a reçu le prix Fipresci ainsi qu'une mention spéciale au prix André-Martin.

Quatre ans après "Valentin Valentin", Pascal Thomas est de retour avec "A cause des filles .. ?", comédie en forme d'épithalame pour une noce ratée, joyeuse et mélancolique, sous le ciel gris Chardonne du bassin d'Arcachon. Servie par une ribambelle de comédiens heureux de travailler pour un cinéaste chantre de la douceur de vivre, cette ballade où les femmes mènent la danse renoue, selon une forme nouvelle, avec la truculence, les digressions, l'amour des paysages français et la nostalgie, qui font le charme du réalisateur de "Confidences pour confidences" ou de "La Dilettante".

Découverte à Annecy en 2012 avec "Le Voyage de Monsieur Crulic", film d'animation couronné du Cristal du long métrage où elle retraçait le calvaire d'un détenu roumain décédé dans une prison polonaise, Anca Damian partage sa vie entre sa Roumanie natale et la France. Ses films (documentaire, prise de vues réelles, animation) cumulent les récompenses dans les festivals du monde entier. En 2015, avec "La Montagne magique", elle empruntait son titre à Thomas Mann afin de retracer la vie aventureuse d'un Don Quichotte des temps modernes engagé en Afghanistan au côté des moudjahidines.

Son deuxième film comme metteur en scène, "L'Homme fidèle", confirme les promesses entrevues dans "Les Deux Amis" et nous offre l'occasion d'une conversation à bâtons rompus avec Louis Garrel. Le comédien revient sur ses influences, sa cinéphilie, l'expérience acquise avec son père, et quelques-uns des derniers rôles marquants d'une carrière déjà riche : cette année, il a prêté ses traits à Godard et Robespierre... en attendant Dreyfus. Sommaire. L'homme à la valise, critique du film par Louise Dumas.

Il est de la génération qui a suivi Takahata et Miyazaki et beaucoup voient en lui la relève assurée pour un dessin animé japonais dégagé de leur influence - qu'il reconnaît, mais dont il aime à préciser les limites.

ll y a trois ans, on quittait le cinéaste en pleine mélancolie, filmant les eaux calmes d'un lac de la Russie du Nord-Ouest ("Les Nuits blanches du facteur", 2014). Aujourd'hui octogénaire, il revient en clinicien regardant le mal en face.

Sur le thème branché des "conflits identitaires", on frôle le chef-d'oeuvre ! Pas étonnant que la bande dessinée qui a inspiré ce film ait été couverte de prix. L'auteur n'est pas inconnu du cinéphile : Benjamin Renner est ce jeune prodige de l'animation qui, à peine sorti de son école (La Poudrière), fut mis aux commandes du délicieux "Ernest et Célestine". Le tabac remporté en librairie par son Grand Méchant Renard a incité Didier Brunner à produire cette version animée ... qu'on ne pouvait pas mettre en de meilleures mains.

1963. Le festival d'Annecy, alors unique manifestation internationale consacrée à l'animation, couronne de son Grand Prix un court métrage tchèque, "Galinna Vogelbirdae". L'auteur, Jiri Brdecka (1917-1982), avait déjà vingt ans de carrière. Pour sa fille, Tereza Brdeckova, qui vient de lui consacrer un livre passionnant, accompagné d'un coffret de trois DVD, ce fut "une découverte tardive".

En marge de son festival d'animation, Annecy propose du 1er juin au 2 octobre 20107, une très belle exposition intitulée "Chine, art en mouvement", dédiée aux artistes chinois oscillant entre cinéma d'animation et art contemporain. Bernard Génin livre son compte-rendu.

Du 12 au 17 juin 2017 s'est tenu le Festival international du film d'animation d'Annecy. Bernard Génin en livre le compte-rendu.

Visant les spectacteurs conformistes, effarouchés dès qu'ils se trouvent devant un territoire inconnu, Cocteau disait : « Je vais au cinéma pour connaître, pas pour reconnaître. » Bertrand Tavernier nuance le propos en nous prouvant que le plaisir de - jouons sur les mots - « re-connaître » peut être délicieux chez le cinéphile à la mémoire pleine d'images qu'il a parfois du mal à resituer. Surtout quand ce plaisir se conjugue à celui d'aller de découverte en découverte !

Six ans que "Positif" n'avait pas publié de dossier sur l'animation (n° 628, juin 2013). Il était temps de faire un nouveau tour d'horizon de ce genre, d'autant que le festival d'Annecy 2019 fut un cru exceptionnel. Nous avons rencontré son délégué artistique, Marcel Jean, et commentons le palmarès en pointant les cinéastes qui nous semblent les espoirs. En juin 2010 - neuf ans déjà !

New York 2009. Dans une librairie de Manhattan, Jeff Harris, journaliste américain, raconte au public la genèse de son nouveau livre. Une commande qui portait sur les origines de la bossa-nova l'a mené à la découverte du disque d'un pianiste brésilien virtuose, Tenorio Jr. Il en a été tellement ébloui qu'il s'est lancé dans une enquête sur cet artiste apparemment oublié du grand public, porté disparu en Argentine en 1976.

Autres temps, autres fixettes. Il y a quelques décennies, une certaine Zazie à qui son oncle voulait faire découvrir les beautés de la capitale ne pensait qu'à une chose : descendre dans le métro. Aujourd'hui, une autre gamine tout aussi délurée exige que sa mère lui serve d'urgence un poulet aux poivrons. Telle la Zazie de Qyeneau semant la pagaille sur son passage, Linda, 8 ans, va provoquer un beau chambardement dans la cité où elle vit, entre ville et campagne.

Depuis près de trois décennies, le Tchèque Petr Vaclav tourne des films, mais ils ne semblent nous parvenir qu'au compte-gouttes. Il avait été remarqué dans nos colonnes dès son premier long métrage, "Marian" (1996), « un film brillant, porté par la révolte d'un cinéaste qui a des comptes à régler », selon Françoise Audé. Ce n'est qu'une vingtaine d'années plus tard que Jean-Dominique Nuttens salua "Zaneta" (2014), « ce beau film sombre ».

Durant les années d 'une enfance heureuse, en compagnie de son frère Bruno, il écrivait, mettait en scène et jouait de petits spectacles qui réjouissaient la famille. Depuis, Denis Podalydès n'a jamais changé de cap puisqu'aujourd'hui, bientôt sexagénaire, il est à la fois l'un de nos meilleurs comédiens, un écrivain remarquable et, à la Comédie-Française, un metteur en scène de talent submergé de projets.

Retour sur le cinéma au mois de juin 2020 dans un contexte de crise sanitaire.

On a toujours aimé les chiffres à Annecy et, en cette année où le festival, pour raisons sanitaires, tentait l'expérience d'une édition "on line", ils sont importants ! Plus de 15 000 passionnés d'animation se sont accrédités (dont 4 000 pour le Marché du film). 8 000 ont pu suivre sur leur ordinateur près de 30 heures d'événements en direct ! C'est donc un vrai succès, qui donne des idées sur les moyens d'enrichir l'édition 2021 où on fêtera, avec un an de retard, les 60 ans du festival et la joie d'un retour à la normale !

Jacques Prévert a écrit pour son frère Pierre ses scénarios et dialogues les plus libres et les plus réjouissants. Et Pierre a naturellement été le réalisateur le plus fidèle au ton Prévert... Un ton qui fit dire à leur ami Franju : "Pierre Prévert a fait des films comiques, mais ils ne sont jamais aussi extraordinaires que lorsqu'ils sont inquiétants ! Là, il rejoint l'humour noir des surréalistes. Mais l'humour noir, ça ne part pas du comique, ça part du drame, bien sûr". Et Franju de me confier encore : "Moi, ce que j'aurais voulu, c'est que Pierre Prévert fasse des films dramatiques".

"Positif" accueille ici une plume extérieure, Luc Moullet, cinéaste et critique, pionnier dans l'étude de l'acteur au cinéma, qui propose un point de vue personnel sur Louis Jouvet. Par un hasard bizarre ou étrange, Jouvet est aussi mis sous les projecteurs par une biographie inédite - présentée par Michel Cieutat - ainsi que par l'édition vidéo restaurée de "Copie conforme" de Jean Dréville. Sommaire. Le chant du Jouvet. "Louis Jouvet". "Copie conforme".

Ce combo blu-ray et DVD en copie restaurée 4K rend justice à ce film méconnu et sous-estimé de la filmographie de Jean Grémillon. Petit historique : quand le projet lui est présenté, le cinéaste a 35 ans. Il a signé une vingtaine de courts métrages et une dizaine de longs, dont seul le précédent ("Gueule d'amour", 1937) a trouvé son public. En 1930, "La Petite Lise" a été un échec; "Daïnah la métisse" (1931) a été massacré par des coupes.

Avec "Soul", Pete Docter complète une sorte de trilogie de la maturité: au dernier voyage de M. Fredricksen ("Là-haut") et au cheminement vers l'adolescence de la jeune Riley ("Vice-versa") répond l'étude de cas d'un homme qui, parvenu au milieu de sa vie, a l'occasion d'examiner son âme. Ce nouveau film Pixar s'inscrit dans une démarche globale qui conduit le studio, après notamment "Coco" et "Toy Story 4", à aborder des sujets graves et métaphysiques, sans se départir de la science du rythme et du gag qui sont aussi sa marque de fabrique.

Le cinéma a été surréaliste avant la lettre, bien avant la parution du fameux manifeste d'André Breton, dont le Centre Pompidou célèbre le centenaire par une grande exposition. Le terme "surréalisme" ayant été tellement galvaudé, il est utile de rappeler ce qui a précédé la naissance officielle du mouvement en 1924.

Adam Elliot vit à Melbourne, en Australie. À 50 ans, il signe son septième film en stop motion, "Mémoires d'un escargot". En juin 2024, ce second long métrage a été couronné d'un Cristal à Annecy, comme son premier, "Mary et Max" l'avait été en 2009. Pour résumer son univers, on citera le carton du plan initial de "Harvie Krumpet", son court métrage oscarisé en 2004 : « Certains naissent grands- Certains atteignent la grandeur- Certains reçoivent la grandeur- Et puis, il y a les autres...